La « transition humanitaire » au Laos
Une cartographie des acteurs, des dynamiques et des modes de gouvernance
Fonds Croix-Rouge française, Les Papiers du Fonds, n°2, janvier 2016, 33 p.
Cette recherche interroge le sens et la portée de la « transition humanitaire » au Laos, un pays qui n’est pas considéré comme prioritaire car il ne subit pas de catastrophes naturelles de grande ampleur ou de conflits armés. Pourtant, les besoins humanitaires existent : le Laos reste un des pays les plus pauvres du monde. En couplant une démarche de socio-anthropologie du développement avec une analyse spatiale à travers l’utilisation des SIG (systèmes d’information géographique), ce projet de recherche avait pour objectif de faire un état des lieux de l’action humanitaire au Laos et de décrire les transformations de son champ d’intervention en nous intéressant notamment au renouvellement des pratiques, au positionnement éthique, et à la définition d’une stratégie au sein d’un environnement politique et économique complexe. À partir d’enquêtes réalisées au Laos entre juillet 2014 et août 2015, cet article propose une cartographie du paysage humanitaire et une analyse à la fois qualitative, quantitative et spatiale de ses acteurs, des activités, des dynamiques et des modes de gouvernance. Nous avons questionné la place du dispositif humanitaire dans un contexte où la priorité est donnée au développement. Le cas du Laos est riche d’enseignements car il fait clairement apparaître la grande porosité des frontières entre humanitaire et développement, à la fois pour les populations concernées, les acteurs de terrain, les bailleurs de fonds, et les gouvernants. Nous avons tenté de décrire les difficultés et les dilemmes rencontrés par les acteurs. Comment travailler dans un contexte autoritaire ? Comment se positionner ? Les acteurs humanitaires doivent- ils se retirer pour laisser la place aux acteurs du développement ou doivent-ils évoluer et adapter leurs interventions au regard du contexte politique, de l’évolution des besoins et des modes de financements ? Enfin, la dichotomie classique humanitaire/développement est-elle pertinente au Laos ?
“Humanitarian transition” in Laos
A cartography of the actors, dynamics, and modes of governance
Fonds Croix-Rouge française, Les Papiers du Fonds, #2, January 2016, 31 p.
This research examines the meaning and scope of “humanitarian transition” in Laos, which is not considered to be a priority country since it is not subjected to large-scale natural disasters or armed conflicts. However, humanitarian needs do exist: Laos remains one of the poorest countries in the world. By associating an anthropology of development approach with spatial analysis through the use of GIS (Geographic information systems), this research project aims to compile an inventory of humanitarian action in Laos and to describe the transformations of the field of intervention, focusing particularly on the renewal of practices, ethical positioning, and the definition of strategies in a complex political and economic environment. Based on investigations conducted in Laos (five months of fieldwork between July 2014 and August 2015), this paper offers a cartography of the humanitarian landscape and an analysis of its actors, dynamics, and modes of governance which is at once qualitative, quantitative and spatial. We questioned the place of the humanitarian aid system in a context where priority is given to development. The case of Laos is highly instructive, since it clearly shows the porosity of the boundaries between humanitarian aid and development, in the case of the populations concerned, the actors in the field, the sponsors and the governors alike. We have attempted to describe the difficulties and dilemmas encountered by the actors. How to work in an authoritarian context? How to position oneself? Should humanitarian actors make way for development actors or should they evolve and adapt their interventions in light of the political context, the evolution of needs and modes of financing? Finally, is the classic dichotomy of humanitarianism/development relevant in Laos?