L’Asie du Sud-Est dans le « siècle chinois »
Cambodge, Viêt Nam, Laos
Avec Caroline Grillot, Carnet de l’IRASEC, Série Observatoire, n°6, Juin 2014
Entre fascination et peur, enthousiasme et hostilité, la nouvelle migration chinoise questionne. Les travaux sur « la Chine en Afrique » ont occulté l’importance de l’émergence de la Chine pour ses voisins les plus proches. Cette omission est particulièrement flagrante dans le cas de l’Asie du Sud-Est qui a toujours été le principal théâtre des engagements commerciaux de la Chine avec le monde. Considérée comme l’arrière-cour naturelle de la Chine, l’Asie du Sud-Est est un laboratoire complexe et hétérogène des circulations et des identités en construction à l’aube du « siècle chinois ». La question des relations entre la Chine et le reste du monde est tantôt pensée en termes de domination, de menace, d’exploitation, et de soutien aux régimes autoritaires, tantôt en termes d’aubaine et d’opportunités de développement. Cette recherche propose de dépasser cette approche binaire en décrivant les stratégies mises en œuvre par les acteurs locaux pour atténuer l’inégalité des rapports de force, négocier l’asymétrie, contourner l’hégémonie, embrasser, résister ou manipuler les termes dictés par les capitaux chinois. Ce présent Carnet, centré sur les pays de l’ancienne Indochine française – le Cambodge, le Viêt Nam et le Laos – constitue la première étape d’un projet éditorial plus large qui se donne pour ambition de relever ce défi.
Oscillating between fascination and fear, enthusiasm and outright hostility, the new Chinese migration raises many questions. The prolific literature on “China-in-Africa” has obscured the significance of China’s emergence as a global player for its closest neighbours This omission is particularly glaring in the case of Southeast Asia, which has historically been the main theatre of China’s commercial engagement with the world. Considered China’s natural backyard, Southeast Asia is a crucial laboratory to describe the complexity and the heterogeneity of mobilities and identities in the so-called “Chinese century”. The relationship between China and the rest of the world is either thought of in terms of domination, threat, exploitation, and support for authoritarian regimes, or in terms of windfall and development opportunities. This research aims to provide a fine-grained and nuanced analysis to counter the dominant binary view of Chinese engagements in Southeast Asia by describing how local actors mitigate their unequal power relations with China, negotiate asymmetry, circumvent hegemony, embrace, resist or manipulate the terms dictated by Chinese capital. This present book, focusing on countries of the former French Indochina – Cambodia, Vietnam and Laos – is the first step of a broader publishing project whose ambition is to meet this challenge.